Les humains ont toujours cherché à donner du sens aux catastrophes qui les affligent. Partout, la lecture divine fut la première explication de ces calamités. On dit de cette lecture qu’elle est « finaliste » : elle recourt à des dieux qui utilisent une nature infaillible qui poursuit un but rationnel pour châtier les déviants. La plupart des religions usent et abusent de cette lecture dans leurs mythes fondateurs. En dépit du recul des croyances censé caractériser notre époque on ne peut s’empêcher de déceler ici et là les résidus d’une attitude finaliste qui s’ignore.
La pandémie aura révélé la popularité de cette culpabilisation réactionnaire qui se plaît à opposer la santé au progrès de la civilisation. Des voix écologistes se sont élevées pour accuser l’artificialisation, l’urbanisation et l’industrialisation du monde des maux qui nous accablent. Ces processus exposeraient l’homme à des fléaux sanitaires inédits. La maladie n’a pourtant pas attendu que l’humanité soit hyperconnectée pour l’accabler de diverses souffrances.
Le préjugé qui voudrait que la civilisation dégrade la condition physique de l’homme se heurte enfin à une multitude de données accessibles à tous. L’être humain n’a jamais été en aussi bonne santé qu’aujourd’hui. Le passage de 1 milliard d’êtres humains en 1800 à 7,7 milliards d’individus aujourd’hui ne s’explique pas par la libération de nos pulsions reproductives.
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Covid, changement climatique et catastrophes naturelles : la modernité sur le banc des accusés
(10 pages, PDF)