Initialement prévue le 7 novembre en présentiel, la Journée libérale romande qui devait traiter de la thématique «les contre-pouvoirs au service de la liberté» a dû être reportée en raison de la situation sanitaire. En remplacement, la rencontre en ligne de l’Institut Libéral le 7 novembre a permis à différents intervenants de présenter leur position sur le sujet.
Durant la crise sanitaire, l’État s’est emparé du pouvoir. Avec plus ou moins de résistance selon les pays. Dans cette situation, l’existence de contre-pouvoirs est vitale, pour éviter des dérives et des atteintes à la liberté. Mais également en temps normal, de nombreuses institutions permettent de limiter le pouvoir de la collectivité sur les individus.
Dans sa présentation, Mark Schelker, professeur à la Chaire d’économie publique à l’Université de Fribourg, a mis en évidence le rôle primordial joué par les contre-pouvoirs dans les systèmes démocratiques, spécialement en Suisse. La centralisation du pouvoir entraine une tension, que les contre-pouvoirs doivent surveiller. Alors que dans le privé, le risque et la prise de décision vont de pair, ou sont maitrisés par des mécanismes internes aux entreprises, via un conseil d’administration par exemple, dans le cadre du pouvoir exercé par des acteurs étatiques, il n’y pas de concordance entre la prise de risque et la responsabilité de celle-ci. C’est dans ce cadre que le rôle des contre-pouvoirs est particulièrement important.
Le fédéralisme est un contre-pouvoirs majeur. Il permet à n’importe quel citoyen de faire jouer la concurrence, car il lui offre le droit de «voter avec ses pieds» en cas de mauvaise gestion. Autrement dit, de déménager dans un canton voisin, dont la gestion lui convient mieux. Cette concurrence des juridictions et des politiques publiques forcent les gouvernements à se remettre en question. Les évidences empiriques démontrent que le fédéralisme réduit la taille de l’État et qu’il mène à une activité régulatrice inférieure.
D’autres contre-pouvoirs peuvent jouer un rôle favorable. La démocratie directe ou un contrôle étendu des finances publiques permettent de faire baisser les dépenses étatiques.
Revoir la présentation de Mark Schelker :
«Les contre-pouvoirs au service de la liberté» – Conférence de Mark Schelker
Dans son intervention qui traitait de la mondialisation et son futur après la pandémie, Stéphane Garelli, professeur émérite à l’IMD Business School, a rappelé que l’économie était d’ores et déjà dans un état peu reluisant avant la crise sanitaire. Cette dernière, en raison de la préparation insuffisante à la gestion des désastres, tant en terme de matériel que des processus permettant de la contenir, va engendrer des coûts élevés aux démocraties occidentales.
La crise actuelle donne par ailleurs un éclairage sur deux tendances de fond qui vont avoir un impact sur la suite de la mondialisation. Premièrement, le renforcement de la «Volks Economy» – ou économie populaire, qui décrit le fait que les croyances populaires et simplistes, même fausses, ont un impact sur l’économie – est une épreuve majeure pour les sociétés qui essaient de baser leurs réponses politiques et monétaires sur des faits. Deuxième tendance, le retour du tribalisme qui fait passer l’importance de l’appartenance à un groupe avant la vérité ou la rationalité.
En général, ces deux courants vont à l’encontre de la mondialisation comme nous la connaissons aujourd’hui. Elle postule un message de paix, qui peut se résumer de la façon suivante : la personne adverse à plus de valeur vivante que morte. Tant la «Volks Economy» que le néo-tribalisme souhaitent des adaptations du modèle pour le faire correspondre à leur réalité.