On a trop tendance à l’oublier : Jean-François Revel n’a pas été qu’un talentueux pamphlétaire anticommuniste puis un redoutable pourfendeur du totalitarisme dans tous ses états. Peu à peu et surtout à compter de la fin de la décennie 1980-90, il est devenu l’une des principales figures libérales de la scène intellectuelle et politique française. Revel n’a pas été libéral au sens plein du terme depuis toujours. Il ne l’est vraiment devenu que progressivement, à la lumière des faits et à l’approche des années 1990, en réaction différée à l’arrivée au pouvoir en France des socialistes alliés aux communistes en 1981 et au naufrage provoqué par l’application de leur « programme commun » collectiviste.
Si J.-F. Revel n’a pas apporté un notable renouveau à la théorisation libérale, il s’est cependant distingué en combattant avec alacrité les impostures concernant la nature profonde du libéralisme. Et sans doute encore davantage en étendant avec lucidité et un inlassable courage son libéralisme agissant au combat contre les nouveaux visages du totalitarisme.
C’est sur la base de cette symbiose réaffirmée entre liberté politique et liberté économique que Revel s’est tout de même un peu engagé sur le terrain doctrinal afin de régler son compte au « libéralisme » entendu au sens américain, qui n’a rien à voir avec la grande tradition du libéralisme européen (continental) et n’est qu’une sorte de progressisme gauchisant.
Indispensable et inoubliable incarnation (et unique en son genre) d’un libéralisme à la fois « régalien » et anti-étatiste, aussi bien attentif aux dangers d’un ennemi idéologique intérieur que de nature géopolitique, l’infatigable combattant de la liberté Jean-François Revel nous manque d’autant plus cruellement que personne ne l’a depuis remplacé à ce magistère si singulier.
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Jean-François Revel, ce grand libéral (pour ouvrir le document, cliquer ici)
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