Afin de comprendre les développements actuels dans la zone euro, il est nécessaire de poursuivre deux approches : l’axe politique historique, qui révèle l’objectif de la monnaie unique, et l’axe monétaire, explicitant la structure d’incitations et de redistribution des richesses de l’euro. C’est uniquement en considérant ces deux aspects que l’on peut mieux appréhender la réalité de la crise actuelle.
Il en découle trois scénarios pour l’avenir. Premièrement, le Pacte de stabilité et de croissance est réformé et devient plus sévère. La limite de déficit de 3% (ou une limite inférieure) est appliquée sous la menace de sanctions automatiques et rigoureuses. Ce scénario requiert des mesures douloureuses de réduction des dépenses publiques et des ajustements à la baisse des salaires dans les États dits périphériques. Deuxièmement, la zone euro se démantèle. Un pays de la périphérie sort de la zone euro, parce qu’il ne veut plus réaliser les mesures de réduction des dépenses publiques nécessaires. Alternativement, l’un des pays financièrement plus forts, tel que l’Allemagne, pourrait aussi décider de s’extraire de la responsabilité commune pour réintroduire sa propre monnaie. Troisièmement, une fuite en avant centralisatrice établit une union de transferts permanents. Un gouvernement économique européen se met en place, des crédits mutualisés sont octroyés et rachetés par la BCE. Cette option maintient intactes les incitations à la course aux déficits que génère l’euro. Elle laisse présager une augmentation du pouvoir de l’État central ainsi que du poids de la fiscalité et des réglementations en Europe. Ce troisième scénario pourrait finir en inflation galopante, menaçant tant la liberté que la prospérité en Europe.
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La tragédie de l’euro (10 pages, PDF)