Même si avant tout elle se vit et se pratique, la tolérance n’est pas qu’une vertu personnelle. Elle s’applique aussi aux idéologies et aux conceptions du monde qui peuvent être plus ou moins tolérantes. Et surtout, elle peut caractériser des sociétés ou des régimes politiques qui l’ont élevée au rang de principe institutionnel majeur qui régule les relations interindividuelles en ce qui concerne la liberté d’expression mais également les mœurs courantes.
C’est aussi bien au niveau d’attitudes ou de dispositions volontaires de l’individu qu’à celui de norme sociétale à dimension juridique que la tolérance doit être appréhendée. Et qu’en délaissant tout souci de confort moral et de conformisme intellectuel (comment oser ne pas être tolérant et le revendiquer ?), son acception contemporaine doit être mise à l’épreuve d’un éclairant retour à ses sources historiques et ses usages actuels être questionnés — tant il peut sembler qu’au fil du temps, elle aurait perdu de ses exigences originelles en se diffusant plus largement dans nos sociétés et s’étendant sans cesse à de nouveaux champs.
Car si l’on doit à nouveau se demander fondamentalement au nom de quoi il faut être tolérant et vivre dans un monde où toujours plus de choix divergents sont tolérés, la problématique qui hante la tolérance depuis son émergence est bien celle de ses limites et de l’existence d’un consensus sur l’«intolérable» car insupportable.
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Tolérer la tolérance, tolérer l’intolérance ?
(10 pages, PDF)