Ebauches d'alternatives à l'Etat providence

L'explosion des dépenses sociales pourrait entraver la croissance et la compétitivité de la Suisse à l'horizon 2030. Un ouvrage évalue les réformes qu'elle pourrait importer.

Le think tank Liberales Institut, basé à Zurich, s'attaque à la crise de l'Etat social. Dans l'ouvrage «Sackgasse Sozialstaat», paru ce printemps, le directeur de recherche Christian Hoffmann et le directeur du LI Pierre Bessard orchestrent un réquisitoire implacable contre l'explosion incontrôlée du coût de l'Etat providence. Le livre s'articule autour des contributions de huit experts, qui dissèquent les origines du mal et proposent des réformes.

La Suisse, quoique dans une posture budgétaire enviable, n'est pas épargnée. Dans les 50 dernières années, les dépenses sociales ont, corrigées de l'inflation, décuplé d'environ 1500 à près de 15.000 francs par tête et par année. Concernant l'avenir, Pierre Bessard renvoie aux calculs de l'Office fédéral des assurances sociales (OFAS), qui a déjà évoqué le scénario du pire: une hausse des dépenses sociales à hauteur de 8% du PIB à l'horizon 2030 si des réformes ne sont pas entreprises pour s'adapter aux réalités démographiques. Les mesures devront porter prioritairement sur l'AVS, l'assurance-invalidité (AI) et l'assurance-maladie, qui concentrent les quatre cinquièmes des coûts.

Rayon diagnostic, l'économiste Hans-Hermann Hoppe, ancien professeur à l'Université du Nevada, avance une explication à valeur universelle pour l'explosion des coûts: les assurances sociales n'ont finalement qu'un caractère d'assurance très relatif. «Ces assurances agrègent des individus qui affichent des profils de risque très différents», fait valoir l'expert. Il prend l'exemple du traitement de l'alcoolisme, pris en charge par la sécurité sociale alors que l'alcoolisme n'a rien d'un impondérable entrant dans une logique d'assurance sociale. L'antidote? «La prévoyance plutôt que l'assurance», plaide Hoppe.

Dans cette logique, l'ancien ministre chilien des retraites José Piñera expose la réforme de la prévoyance vieillesse qui l'a rendu célèbre: le passage d'un régime par répartition à la retraite par capitalisation. Une autre contribution présente le système d'assurance-maladie en vigueur à Singapour, qui fait reposer le financement d'une partie des dépenses de santé sur l'épargne individuelle.

Guillaume Meyer, L'Agefi

30. Mai 2011