Pour Adam Smith, la richesse ne semble pas être une condition nécessaire pour atteindre le bonheur. « Le mendiant qui se chauffe au soleil sur le bord de la route possède la sécurité pour laquelle les rois se battent », écrit-il dans la Théorie des sentiments moraux. Mais ce n’est pas pour autant qu’il recommande la mendicité.
Si, selon toute vraisemblance, Smith doutait qu’un homme puisse devenir beaucoup plus heureux en accumulant de plus grandes richesses, il s’intéressait à « l’effort uniforme, constant et ininterrompu de chaque homme pour améliorer sa condition ». Dès la première page de La richesse des nations, Smith démontre que l’effort et la volonté d’améliorer sa condition produiraient, dans un cadre libéral, une opulence croissante.
Smith s’opposait ouvertement et vigoureusement à toute vision fataliste de la pauvreté et à la vision hiérarchique des classes qui l’accompagnait parfois. Pour Smith, les personnes ne sont pas seulement égales aux yeux de Dieu, mais aussi sur terre, sur le plan éthique. L’égalité prévue par « le projet libéral d’égalité, de liberté et de justice » est une égalité de même statut que celle proposée par la religion. Mais surtout, le droit de poursuivre son propre intérêt à sa manière s’applique également aux pauvres.
Pour Smith, la pauvreté n’est pas un problème particulier nécessitant des programmes ou des actions spécifiques. Au-delà de l’essentiel matériel, assuré au mieux par la dynamique ascendante du modèle libéral, le bien-être est avant tout une question de condition morale, et non de condition matérielle. Si les autorités se préoccupent d’améliorer la condition morale des gouvernés, qu’elles se souviennent que la condition morale croît avec la responsabilité morale. En résumé, pour Smith, richesse, pauvreté, c’est d’abord et avant tout l’affaire de chacun.
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Adam Smith et les pauvres (pour ouvrir le document, cliquer ici)
(10 pages, PDF)
Cette contribution est une traduction d’un texte publié initialement en anglais « Adam Smith and the Poor » (Acton Institute)